David Lewis, De la pluralité des mondes.
«Ce livre prend la défense du réalisme modal, c’est-à-dire de la thèse selon laquelle le monde dont nous faisons partie n’est qu’un monde parmi une pluralité de mondes, et selon laquelle nous ne sommes, nous qui l’habitons, qu’un petit nombre parmi tous ceux qui habitent tous les mondes.»
Les ânes parlent-ils ? La question paraît saugrenue. Mais, pour le très sérieux philosophe David Lewis (1941-2001), premièrement, le cosmos tout entier n’est qu’un monde particulier au sein d’une vaste pluralité de mondes, tous causalement et spatiotemporellement isolés les uns des autres ; deuxièmement, ce qui aurait pu se produire dans notre monde se réalise concrètement dans l’un de ces mondes. Du coup, il existe au moins un monde où les ânes parlent ! Cela implique également que ce que vous auriez pu faire, mais n’avez pas fait, est réalisé dans un autre monde par un homologue de vous, quelqu’un vous ressemblant parfaitement jusqu’au moment où il a fait ce que vous n’avez pas fait mais auriez pu faire. En somme, selon ce « réalisme modal », le réel et le possible n’ont pas de statut ontologique différent. Comment peut-on croire à une idée aussi extravagante ? Tout simplement, selon D. Lewis, parce qu’elle est utile en logique. Par exemple, pour que la proposition suivante « si Zidane n’avait pas donné un coup de tête au joueur italien, l’équipe de France aurait gagné le Mondial » soit vraie, il faut qu’il existe un monde similaire au nôtre dans lequel l’homologue de Zidane n’a pas donné ce coup de tête et où l’équipe de France est victorieuse. Par des analyses pointues, l’auteur montre ainsi que la croyance en l’existence des mondes possibles est le prix à payer pour rendre plus cohérente la logique dite modale. C’est la logique contre le sens commun. À vous de choisir. En attendant, saluons la traduction en français de ce classique de la philosophie anglophone.
Source article: scienceshumaines.com
Crédit image : Delphine Richer
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